Faire écrire la biographie d'un proche disparu : préserver les souvenirs dans un livre-mémoire
- Daphné Marlière
- il y a 3 jours
- 7 min de lecture
Il y a parfois, au creux du silence laissé par un être cher, une urgence discrète. Celle de ne pas laisser s’effacer les souvenirs, de ne pas voir s’éteindre ce qu’il ou elle a été. Dans un tiroir, on retrouve des photos anciennes, un article de journal annoté ou une vieille montre. Et dans le cœur, mille anecdotes, mille gestes, mille mots qui ne demandent qu’à revivre. Faire écrire la biographie d’un proche disparu, c’est une façon douce et puissante de préserver sa mémoire. Redonner une voix à nos souvenirs d’enfance dans les pages d’un livre, les moments de complicité avec ses grands-parents, par exemple. Un récit qu’on confie à quelqu’un pour transmettre, pour garder ou pour offrir. Pour soi, ou pour ceux qui restent et qui ne l’ont pas connu. Et parce qu’on sent, au fond de soi, que c’est le bon moment. Peut-être s'agit-il de faire écrire les mémoires de son père disparu, de sa maman ou de ses grands-parents qui ont vécu tout simplement mais on pourtant connu un autre monde que le nôtre. Parfois, c’est un aïeul qui a laissé une trace forte, un ancêtre extraordinaire, un personnage historique de la famille ou quelqu’un qui a eu une vie hors du commun. Chacun possède une manière unique de raconter. Mais par où commencer ? Comment rassembler, trier, ordonner, sans trahir ni s’effacer ? Voyons comment entamer cette aventure singulière : transformer ses souvenirs pour en faire un livre-mémoire, un hommage pour un être cher disparu.
Pourquoi faire écrire la biographie d’un proche disparu ?
Quand un être cher s’en va, il y a souvent des détails que l’on craint de voir s’effacer avec le temps. Alors, faire écrire sa biographie devient une manière de résister à l’oubli. Certains veulent rendre hommage, dire merci. D’autres cherchent à transmettre ce qu’ils n’ont peut-être jamais osé demander : « Comment c’était, pendant la guerre ? » « Pourquoi ce prénom ? » « Qu’est-ce qui comptait vraiment pour lui ? »
D’autres encore souhaitent faire écrire les mémoires d’un ancêtre dont le parcours mérite d’être connu.
Confier cette tâche à une écrivaine biographe, c’est aussi s’autoriser à prendre du recul. Ce livre devient alors un lieu de mémoire, comme un espace vivant, partagé, où l’on peut revenir, où l’on peut s’arrêter. Un livre qu’on ouvre un dimanche après-midi, qu’on transmet à ses enfants, qu’on relit doucement, des années plus tard. Peut-être voudra-t-on l’offrir à la bibliothèque locale ou en confier un exemplaire à un musée.
Dans le livre, il y aura des moments gais, il y aura aussi des difficultés, mais le plus important est qu’il soit vrai et puisse donner de la force à ceux qui le liront.
Avant d’écrire le livre en mémoire de son proche : recueillir les souvenirs et les traces
Avant que les mots ne s’installent sur la page, il y a tout un monde à retrouver.
Celui des souvenirs, bien sûr — mais aussi des traces concrètes parfois enfouies dans le fond d’un placard ou dans la mémoire de ceux qui restent.
Les photos, les lettres, les carnets, les objets du quotidien sont autant de points d’entrée. Un permis de conduire ancien, une carte postale écrite à la hâte, une vieille valise peuvent suffire à faire remonter une époque, une voix ou une façon de marcher.
Il ne s’agit pas de tout collecter, mais de s’attarder sur ce qui raconte ce que la personne était.
On peut aussi interroger les proches : les enfants, les oncles et tantes, les amis, les anciens collègues. Chacun porte un morceau de l’histoire, souvent unique puisque chacun a souvent plusieurs facettes en lui. Les souvenirs croisés dessinent alors un portrait plus riche, plus nuancé. Certains choisissent de tenir un petit carnet pendant cette période.
Quelques notes, au fil des jours. Une anecdote qui revient en cuisinant : l’odeur d’un plat cuisiné le dimanche par sa grand-mère nous ramène à elle. Ce sont souvent ces fragments-là qui, rassemblés, forment la matière la plus vivante du récit.
Ce temps de collecte est déjà une forme d’écriture. On prépare le terrain, on écoute, on observe. Et peu à peu, une chronologie se dessine, des thématiques émergent, des moments-clés s’imposent. L’histoire peut commencer à prendre forme.
Structurer le récit : quelle forme donner au livre-hommage ?
Une fois les souvenirs rassemblés, une question surgit presque toujours : par où commencer ? Faut-il raconter toute la vie, dans l’ordre ? Ou choisir quelques épisodes emblématiques ? Y aura-t-il des chapitres ? Une voix narrative ? Un fil conducteur ?Il n’y a pas de règle unique.
Chaque vie impose sa propre architecture, puisque chaque existence est unique.
Certains récits suivent une chronologie simple, de la naissance aux derniers jours. C’est une manière de dérouler le fil de la vie, comme on tournerait les pages d’un album. D’autres préfèrent une approche plus libre : par thématiques, par lieux, par saisons de vie.
Parfois, un événement fondateur devient le point de départ et le récit se construit autour de lui, en cercles concentriques. Plus compact, un abécédaire permet d’évoquer les moments forts d’une vie. Il est peut-être plus facile à réaliser lorsque les souvenirs se font lointains.
La voix aussi compte. Parler à la première personne, comme si le disparu racontait lui-même, peut créer de la proximité — à condition d’en avoir assez pour reconstituer sa manière de parler, ses mots à lui. Cette façon de faire est à manier avec précaution, car il faut beaucoup de recul pour l’appréhender.
Le récit à la troisième personne, plus classique, permet quant à lui de prendre un peu de distance, de construire un regard. Enfin, le livre peut intégrer des documents : photos, des lettres anciennes, des extraits de journaux, des objets photographiés. Cela donne de la chair, du relief et cela permet aux lecteurs de ressentir et de visualiser. Structurer impose souvent de choisir, mais cela permet aussi de ne retenir que le principal.
Écrire après un deuil : comment surmonter les émotions ?
Écrire dans le sillage d’un deuil n’est jamais simple, même s’il s’agit d’un parent âgé et qu’il était dans l’ordre des choses qui nous laisse, car nous ne sommes pas ici pour rester. Les souvenirs arrivent en désordre, parfois en rafale. Il y a des jours où l’on avance et d’autres où une simple photo ou une phrase notée sur un coin de page fait tout vaciller. Ce n’est pas grave. Ce n’est même pas un obstacle. C’est simplement la preuve que le lien est encore là, vivant.
Mais c’est un exercice exigeant. Et il faut être prêt. Prêt à replonger, à revisiter. Pas dans la douleur brute du départ, mais dans un moment plus apaisé, quand l’envie de transmission prend doucement le pas sur la peine. Écrire trop tôt, par besoin de faire vite ou de « bien faire », peut parfois blesser.
Il vaut mieux attendre que le temps ait posé un peu de lumière sur les souvenirs. Que l’on puisse regarder en arrière sans être submergé : il n’y a pas de délai idéal.
Pour certains, quelques mois suffisent. Pour d’autres, il faudra des années. Peu importe : l’essentiel, c’est d’y venir quand le cœur est disponible. Le récit ne sera pas lisse. Il y aura des creux, des éclats de rire, des silences. Et c’est tant mieux. C’est ce mélange qui rend l’histoire humaine et vraie. Le livre ne cherche pas à tout dire, encore moins à panser les plaies — il cherche simplement à faire place, avec justesse et respect, à ce qui mérite d’être transmis.
Faire vivre le récit de vie et choisir les mots
Dans une vie racontée, ce qui touche, ce qui reste, ce sont les détails. Une intonation. Une habitude. Une parole qui revient…
Ce sont ces petites choses, souvent anodines, qui donnent au récit sa vérité. Pour que le texte trouve cette justesse, il faut de la matière vivante. Des souvenirs confiés, des gestes racontés, des images évoquées : votre biographe est là pour écouter, poser les bonnes questions, aider à faire remonter ce qui semblait oublié.
Elle capte les nuances, attrape au vol une expression, souligne ce qui fait écho. Mais elle écrit toujours à partir de ce qu’on lui transmet. Ce sont les récits, les anecdotes, les objets, les photos qui nourrissent son travail. Même un souvenir fragmentaire, une impression, une scène brève peuvent devenir le point d’ancrage d’une page forte. Écrire, c’est aussi laisser une part de mystère.
Ce qu’on ne sait pas, ce qu’on sent à peine, ce qui reste en creux — tout cela a sa place. Le livre ne cherche pas à tout expliquer. Il donne à ressentir, à imaginer, à approcher. Et c’est dans cette alliance entre les souvenirs confiés et le regard du biographe que le récit prend vie.

Du manuscrit au livre qu’on tient entre ses mains : comment concrétiser son projet ?
Quand le texte est là, quand les souvenirs ont trouvé leur forme, reste une étape tout aussi importante : faire de ce récit un livre. Un objet qu’on puisse tenir dans les mains, offrir, garder près de soi.
Cette transformation du manuscrit en livre peut prendre plusieurs formes. Certains préfèrent un format simple, sobre, à partager en petit nombre d’exemplaires dans le cercle familial.
D’autres souhaitent un ouvrage plus travaillé, avec une belle mise en page, des photos intégrées, parfois même une couverture rigide. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix : tout dépend de l’histoire et de l’intention.
Votre biographe vous accompagne aussi dans cette phase. Elle propose une mise en page soignée, veille à l’équilibre entre texte et images, vous guide dans les choix d’impression. L’objectif n’est pas de publier à grande échelle, mais de créer un objet fidèle, beau et solide. Un livre qui durera.
Et puis, il y a ce moment particulier où le livre arrive. Où l’on tourne les pages pour la première fois. Où la voix des parents ou des grands-parents, soudain, semble proche. Ce n’est pas un point final. C’est plutôt une nouvelle façon de continuer à vivre avec les souvenirs — en paix.
Faire écrire la biographie d’un proche disparu offre un espace où les souvenirs continuent d’exister. Un livre pour transmettre et honorer la mémoire de la personne disparue. Un ouvrage pour garder vivant ce qui aurait pu s’effacer. Si vous avez ce projet en vous, s’il vous semble que le moment est venu de le concrétiser, je peux vous accompagner.