Comment préparer un proche à l’idée de raconter sa vie : mes conseils pour une démarche sereine
- Daphné Marlière
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture
Vous aimeriez certainement en savoir plus sur l’enfance et la jeunesse de vos parents ou de vos grands-parents ? Aborder l’idée et persuader une personne de faire écrire sa vie n’a rien d’évident, surtout lorsqu’il s’agit d’un parent ou d’un proche que l’on souhaite accompagner sans le brusquer. Il n’est pas toujours simple de savoir comment lancer la conversation, présenter la démarche et rassurer une personne parfois pudique ou hésitante. Je suis écrivain biographe autour de Lille et dans le Nord, j’accompagne souvent des familles qui se posent ces mêmes questions. Cet article vous aidera à préparer ce moment avec douceur, à comprendre ce que représente une biographie pour une personne âgée et à trouver les mots justes pour l’inviter à transmettre son histoire en toute sérénité.
Comprendre ce que représente l’idée de raconter sa vie à un biographe
Pour une personne âgée, l’idée de raconter son histoire peut provoquer un mélange d’émotions : fierté, pudeur, nostalgie, mais aussi appréhension. Nombreuses sont les personnes qui craignent de ne pas « avoir une vie assez intéressante », ou au contraire d’avoir vécu des moments qu’ils préfèrent laisser derrière eux.
Avant d’aborder la question avec votre parent, il peut être utile de garder en tête quatre réalités :
Chaque vie est riche, même lorsqu’elle semble ordinaire !
Le désir de transmission est souvent présent, même s’il n’est pas formulé.
La société évolue très vite et le monde change : les témoignages des anciens est un vrai trésor !
La peur de se raconter disparaît rapidement lorsqu’on se sent écouté.
La conversation devient alors plus naturelle : il ne s’agit plus de « faire un livre », mais d’offrir un espace pour que les souvenirs s’organisent, prennent forme et soient transmis.
Comment aborder la question d’une biographie avec un parent
Nous vivons tous des instants où les souvenirs semblent remonter plus facilement : une réunion familiale, une vieille photo retrouvée, un anniversaire marquant (lorsqu’on franchit une dizaine, par exemple) ou une conversation autour d’un objet ancien. Ces moments du quotidien créent une ouverture naturelle.
Vous pourriez, par exemple, rebondir sur une anecdote racontée cent fois — celle que toute la famille connaît par cœur — et dire quelque chose comme :
« Tu sais, ces histoires, on les adore. Je me dis parfois que ce serait important de les garder quelque part pour qu’elles vivent longtemps. Tu en penserais quoi ? »
Il n’y a aucune pression et pas d’injonction : c’est juste une invitation. L’idée doit apparaître comme une possibilité, pas comme un projet déjà ficelé.

Présenter la démarche d’un écrivain biographe avec clarté et douceur
Certaines personnes s’imaginent un livre « officiel », rigide, très exposé. C’est rarement ce que je fais ! Votre parent peut être rassuré si vous lui expliquez bien que :
La biographie reste un espace privé, destiné à la famille ;
Il ou elle peut choisir ce qui apparaîtra dans le livre, et ce qui sera laissé de côté ;
Rien ne sera publié ou imprimé sans son accord (les entretiens sont strictement confidentiels) ;
Le narrateur garde toujours le contrôle sur chaque page.
Vous pouvez lui dire quelque chose comme : « L’idée, ce n’est pas de tout dévoiler. C’est juste de garder ce qui compte pour toi, pour nous. »
Souvent, le simple fait de rappeler que la démarche reste confidentielle débloque beaucoup de retenues. La plupart des personnes âgées se mettent à parler très spontanément une fois que je les ai rencontrées !
Le rôle du biographe : rassurer, accompagner et structurer
Certaines personnes imaginent le biographe comme un écrivain sévère qui arrive avec un carnet de notes et pose des questions indiscrètes. Dans la réalité, mon travail ressemble davantage à une conversation tranquille, parfois autour d’un café, parfois en visioconférence si la distance l’impose, mais toujours avec calme et douceur.
Le biographe n’est pas un juge, mais un accompagnant. Il ne cherche jamais à « piéger » la personne, suit le rythme du narrateur avec intérêt — ni trop vite, ni trop lentement — et reformule, structure et met en mots chaque souvenir avec délicatesse.
Souvent, les personnes âgées craignent de ne « pas savoir parler », de perdre le fil, ou d’oublier une date. Rassurez-les : ce n’est pas leur rôle d’être précises ou de dire les choses dans l’ordre : ça, c’est le mien !
Quand votre parent hésite : avancer au rythme de la biographie
Parfois, le parent répond : « Je ne sais pas… Peut-être plus tard. »
Cette réponse n’est pas un refus. C’est souvent une manière de dire : « Je suis touché, mais j’ai besoin de temps pour apprivoiser l’idée. »
Laissez reposer une semaine ou deux… et reparlez-en. Vous verrez si vous avez fait germer une belle idée !
Pourquoi faire écrire sa biographie peut devenir un cadeau pour tous
Il n’est pas rare que l’on se représente la biographie comme un livre servant uniquement à transmettre. C’est vrai… mais pas seulement !
Écrire sa vie peut donner un sentiment d’accomplissement, une meilleure compréhension de son propre parcours, une fierté que les enfants ne mesurent pas toujours et un apaisement face au temps qui passe. Et c’est un beau projet qui peut être mené tranquillement, à domicile. Les visites du biographe deviennent un moment attendu et préparé, un bel objectif à atteindre.
Une fois que le livre sera écrit, il pourra provoquer de nombreux moments de partage avec l’auteur ou l’autrice du livre !
Proposer une rencontre avec un écrivain biographe : une étape simple et sans engagement
Le moment le plus rassurant est souvent la rencontre initiale.
C’est une étape gratuite, qui ne dure pas très longtemps (mais parfois, la personne qui va parler de sa vie se découvre une énergie nouvelle pour déjà raconter plein de choses et l’entretien est plus long que prévu !).
Ce premier rendez-vous sert seulement à faire connaissance, et si la personne ne se sent pas à l’aise, il n’a aucune obligation. La plupart du temps, après ce premier échange, le ou la « biographié(e) » se rend compte que la démarche n’est ni difficile, ni intimidante (et moi non plus, je ne suis pas intimidante) !
Préserver la part d’intime dans une biographie familiale
Raconter sa vie n’est jamais anodin. Il arrive qu’un souvenir bouscule, qu’un silence s’installe ou qu’un détail soit trop sensible. Votre biographe lui rappellera que que le narrateur garde la main sur tout.
Il peut dire : « Ce passage-là, je ne veux pas qu’il apparaisse. », « Je préfère qu’on le formule autrement. » ou « Cela, je le garde pour moi. »
Une biographie réussie n’est pas un inventaire exhaustif. C’est un récit juste, sincère, qui respecte les zones d’ombre autant que les souvenirs lumineux.
Accompagner un proche vers l’écriture de sa vie demande de la délicatesse, un peu de patience et… beaucoup d’écoute ! Lorsque l’environnement est rassurant, que la démarche reste libre et que la confidentialité est clairement posée, la plupart des personnes âgées découvrent qu’elles ont bien plus à dire qu’elles ne l’imaginaient. Si vous sentez qu’un parent commence à ouvrir la porte, même timidement, c’est souvent le signe que le moment est favorable. Vous pouvez alors avancer avec confiance, en sachant que je serai là pour guider chaque étape et transformer ses souvenirs pour en faire un livre qui lui ressemble, fidèle, structuré et chaleureux.


